On vous emmène pour une (longue) balade à travers les marchés de Noël de Tours
Publié le 04-12-2025 07:29:43 Modifié le 02-12-2025 15:40:49
Ne reculant devant aucune prise de risque pour vous faire vivre l’aventure sur le terrain, notre journaliste est allée explorer… les marchés de Noël de Tours.
Tout commence à deux pas de la gare de Tours, sur le boulevard Heurteloup. Une fois passée l’entrée où on ouvre son sac pour constater qu’il ne contient qu’un peu de détermination et de magie de Noël, nous voici sur le terrain. Carrousel à droite, à côté des gourmandises sucrées. En ce jeudi après-midi ensoleillé, l’ambiance est calme, mais on s’affaire pour préparer le débarquement des lycéens, étudiants et salariés qui auront bientôt fini leur journée.
« On ne commence à préparer qu’un peu avant 11 h quand on arrive », nous confie l’équipe, cachée par les churros, sucettes et autres pots géants de pâte à tartiner. « On vient de Poitiers, donc le temps de faire la route matin et soir ça nous va bien comme ça ! » Petite pensée pour le vieux cliché qu’on avait en tête en venant les années précédentes : oui, le local (ou le régional pour nos amis poitevins) prend de plus en plus de place dans les allées.
Après avoir vaillamment résisté à la tentation d’une crêpe, mettons-nous dans la peau du chaland lambda. On flâne. Un réflexe animal s’éveille en nous : les couleurs vives attirent notre regard. Virginie commence à nous faire l’article : foulards et étoles de soie, ou de fibre d’aloe vera… D’où viennent toutes ces étoffes ? « Du Laos. J’y ai vécu, et depuis que je suis rentrée en France j’y retourne une fois par an, je travaille en direct avec des tisserands là-bas. C’est une sensibilité particulière de vouloir travailler avec l’artisanat, moi j’aime ça. » Exilée depuis sa Bretagne jusqu’en Touraine pour le temps du marché, Virginie est seule à tenir la boutique de 11 h à 20 h tous les jours. Logement Airbnb, location du chalet, le froid et les horaires… Un vrai marathon et un pari côté budget, mais qui vaut le coup pour la commerçante présente depuis plusieurs années.
Ça y est, on craque. C’est pour les besoins du reportage. Crêpe à la pâte à tartiner, en cours de préparation dans le chalet tenu par Annick. Pour la jeune retraitée vivant à Amboise, ce mois à servir la clientèle est une parenthèse exaltante : « Avant, je conduisais les bus et les tramways, je travaillais onze mois de l’année et je me reposais pendant le dernier, là c’est l’inverse je bosse un mois et je me repose le reste du temps ! »
C’est le bar-restaurant du Dakota, sur le boulevard, qui l’emploie pour préparer la pâte à crêpe maison, faire mijoter le vin chaud et vendre cela aux clients avec une gouaille qui fait des merveilles ! « Quand il n’y a pas grand monde je m’ennuie. J’adore quand ça démarre, qu’on a plein de gens au comptoir à servir en même temps ! » Et pour le froid, elle cache sous son blouson polaire une veste chauffante.
Michel (ou plutôt Mikhail) a une autre solution : une énorme toque en peau de renard de Sibérie. Et bien malgré nous, nous voici plongé dans « l’expérience client », à tenir dans la main une petite raquette en bois ornée de poules qui s’agitent lorsqu’on fait osciller la balle de bois pendue à la raquette (à vous de tester pour bien comprendre). Nous voilà donc à utiliser ces « poules anti- stress » avant de voir Mikhail ouvrir des poupées-gigognes « symboles de la famille, cadeau traditionnel en Russie » d’où il dit venir.
Plus loin, pour passer le temps, Maïlys coud. C’est normal, c’est sa spécialité avec L’Allumeuse de Réverbères et ses produits textiles conçus en Touraine. Cette année, cette artisane est sur le boulevard : « Il passe plus de monde que sur la place de la Résistance. » La place de la Résistance, on allait l’oublier ! Là-bas, le manège en forme de sapin réunit autour de lui non pas des cadeaux, mais d’autres chalets. Brioches rondes (on résiste cette fois-ci à la tentation), vin chaud, pommes de terre garnies, pâtisseries orientales…, et une poignée de chalets dédiés à l’artisanat dont les occupants changeront chaque semaine.
Petite exception à la règle : le chalet des Restos du Coeur où les Tourangeaux peuvent déposer jeux et jouets pour faire le bonheur d’enfants moins favorisés. Thierry Fontaine, vice-président de l’antenne locale des Restos rappelle tout de même « qu’il est sympa de donner des choses qu’on aimerait recevoir ». Traduction : ceci n’est pas un débarras ou une déchetterie ! L’an dernier, 2 500 jeux, jouets et livres avaient été récoltés. Difficile de dire pour l’instant si la moisson sera meilleure cette année. Le Père Noël aidera-t-il à la tâche ? En tout cas lors de notre passage, il n’était pas encore installé dans son chalet.
Cela n’empêche pas Yoann de siroter son vin chaud, en commandant une brioche : « Je suis de Bordeaux, en formation du côté de Chinon ces jours-ci. J’adore la région pour ses châteaux, mais là je me suis dit que j’allais changer et venir découvrir le marché ! ». Pas d’achats de cadeaux par contre, « c’est encore trop tôt ».
Du côté du village gourmand, on sent que les cours sont terminés à la fac des Tanneurs, vu le nombre d’étudiants qui musardent entre les chalets. Dans cet espace situé en surplomb des quais de Loire, la gourmandise n’a pas d’horaire. Pour certains c’est l’heure du goûter avec une crêpe, pour d’autres on est déjà sur du salé, avec un hot-dog et une bière à la main. On teste le sandwich brioché garni de bacon de boeuf, œuf et fromage, tandis qu’à quelques pas trois copines font leur pause sur un banc-télésiège. « Je me balade plus souvent boulevard Heurteloup, j’aime bien l’ambiance Noël, ça met de bonne humeur. » Si Léa est donc une habituée, pour Briana c’est une première fois : « Les chalets, les lumières la nuit, c’est une sortie sympa ! » Et ils seront des milliers à en profiter jusqu’au 28 décembre pour les marchés, et jusqu’au 4 janvier pour le village gourmand et la patinoire- roller. Idéale pour dépenser les calories accumulées. Bilan de ce reportage : 1 178 kCal dévorées… et très peu de dépensées.
Emilie Mendonça
Photos : Emilie Mendonça (sauf ouverture NR Julien Pruvost)