Hellfest : plongée dans une édition 2025 bouillante (partie 2)

Publié le 25-06-2025 17:23:04 Modifié le 25-06-2025 18:34:21 Par Aurélien Germain

Troisième journée de festival en ce samedi 21 juin, jour de la Fête de la musique et visiblement aussi Fête de la canicule, puisque c’est aujourd’hui, ô joie (ironie) que le Hellfest doit vivre son pic de chaleur. Sur le festival, des corps échoués un peu partout, de nombreux soldats sont visiblement tombés au combat, vaincus par ce four à ciel ouvert qu’est devenu le site.

SAMEDI : les papys font de la résistance

Arrivés à 12 h 30 pour cause de petit déj à rallonge, on n’assiste qu’à la toute fin du show de WITCH CLUB SATAN, trio de black metal féministe, mené par des Norvégiennes survoltées, finissant par se jeter dans la foule. Sur la scène de Valley, les Français de MARS RED SKY sont plus sages et distillent leur stoner ensorcelant, tandis que plus loin sur la Mainstage, les Australiens de THE SOUTHERN RIVER BAND délivrent un concert génial, avec leur gros hard rock sudiste aux accents bluesy, porté par des riffs bien gras et électriques.

Sous le chapiteau de la scène Temple – devenu entre temps un sauna croisé avec un hammam – AGRICULTURE met le public à genoux avec un post-black metal à la fois atmosphérique et terriblement rageur. Brandissant le poing, la chanteuse et bassiste Leah Levinson, transgenre, profite d’ailleurs de la présence du groupe pour prendre position pour la cause trans en plein show.

Alors que le thermomètre doit atteindre les 400 degrés (on sait pas, mais en tout cas, même notre téléphone s’est éteint tout seul), CONAN assomme la foule réunie devant la Valley (et devant le brumisateur géant, élu meilleure invention du monde en ce samedi).

Après un tour sous l’arche d’eau géante (élue 2eme meilleure invention du monde), on file devant GRIMA, combo russe qui – quel comble aujourd’hui – nous emmène dans les terres gelées de Sibérie. Les musiciens, également déguisés en créatures étranges des forêts, envoient un black metal méchant et incantatoire. Mais l’ensemble est un poil décevant, linéaire et pas si fou. Dommage.

THE OCEAN, en revanche, met tout le monde d’accord et balance une heure magistrale de post metal atmosphérique. Ovationné, le groupe fait en même temps ses adieux à son chanteur avant de laisser une foule subjuguée. Subjuguée, elle l’est aussi devant DEAFHEAVEN, groupe de post metal américain qui l’écrase avec ses nappes de guitares ultra violentes et touffues. C’est étouffant, puissant, pachydermique. Une belle baffe !

Les deux groupes qui suivent sont le parfait d’exemple de ce que ma mamie me disait : « Bah non, on ne vieillit pas tous pareil. » Mais aussi que les papys font de la résistance. Car de 21 h 50 à 0 h 40 s’enchaînent JUDAS PRIEST et SCORPIONS, le premier ayant été fondé en 1969 et le second en 1972. Tout démarre donc parfaitement avec JUDAS PRIEST qui offre une leçon de heavy metal. Le chanteur, Rob Halford et ses 73 ans, envoie la sauce, débarque sur scène en moto, parvient encore à monter dans les aigus et ne s’économise pas un seul instant (« Painkiller », une frappe atomique), impressionnant au possible.

Puis arrivent les fidèles habitués du Hellfest, SCORPIONS. Pour leur énième venue, les Allemands déroulent un set qui, musicalement, ne mérite aucune critique (Rudolf Schenker, 76 ans, infatigable et Mikkey Dee aux fûts, absolument monstrueux). Mais vocalement, c’est la catastrophe. Klaus Meine, 77 ans, articule à peine, visiblement affaibli, stagne tel un zombie, porté par le pied de micro. Triste et gênant.

DIMANCHE : le dernier jour du reste de ta vie (en Enfer)

Pour ce quatrième et dernier jour, les Dieux du ciel ont visiblement écouté nos prières et nous accordent des températures n’atteignant qu’une petite trentaine de degrés. Après un quasi 40°C la veille, c’est ce qu’on appelle un plaisir relatif.

Pour fêter tout ça, direction la scène Altar où un moment de douceur nous attend avec GUINEAPIG, un petit bonbon tout sucré de goregrind aux chansons douces que ne me chantait pas ma maman, brisant la nuque et faisant sauter les plombages, comme « Terminator Mosquito » ou encore « Defoliation Bacilli Bomb ».

Bien plus mélodique, ASHEN investit lui la scène principale et frappe très fort avec son metalcore moderne cueilli par une foule extatique malgré l’horaire (c’est la pause du midi). Il se permet en même temps deux moments forts avec déjà une étonnante reprise « core » du « Smells Like Teen Spirit » de Nirvana mais aussi, ensuite, l’apparition surprise de Will Ramos de LORNA SHORE, lunettes roses en cœur sur le pif, pour un featuring bienvenu.

Changement de registre de nouveau sous la scène Altar, puisque les Islandais d’UNE MISERE débarquent pour mettre les points sur i. Au menu ? Un hardcore méchant et hargneux comme pas deux, un chanteur qui se défonce le crâne avec son micro et un ravage dans la fosse. Miam.

 

Pour être masochiste jusqu’au bout, il fallait donc enchaîner avec THE moment tant attendu de la journée : la venue de GUTALAX. Pour faire simple, c’est le plaisir régressif, l’instant où l’on débranche le cerveau, où l’on s’injecte obligatoirement une dose de millième degré. Gutalax a un décor de scène avec son logo accompagnant le dessin d’un excrément et d’une mouche. Gutalax arrive sur scène en tenue de nettoyeurs. Gutalax a des amplis vêtus de bâches de portes de WC. Gutalax ne chante qu’avec des « gruik gruik ». Et le public de Gutalax aime lancer des rouleaux de PQ, des préservatifs gonflés et des brosses de toilettes dans la fosse. Le concert de Gutalax au Hellfest, c’était donc tout ça. Quarante-cinq minutes de mauvais goût, de musique qui défouraille, le tout dans une ambiance folle quasi jamais vue au festival. Si bête, mais si jubilatoire.

Le début de soirée aura, lui, était l’objet de tous les contrastes. On s’est par exemple ému de la présence des EAGLES OF DEATH METAL (10 ans après l’attentat du Bataclan, les Américains ont offert un show ultra généreux et ont multiplié les « I love you » à un public français tristement « relié » à eux par de tristes souvenirs), puis délecté du death metal sans concession des Suédois d’UNLEASHED (un des meilleurs concerts des quatre jours)… Avant de rester interloqué devant le show en demi-teinte et la présence incongrue de CYPRESS HILL et son hip hop latino-américain.

Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, à part les saucisses qui en ont deux, voilà qu’arrivent les tout derniers groupes de cette édition 2025. En premier lieu FALLING IN REVERSE et son controversé chanteur, Ronnie Radke. L’homme est ce qu’il est (il le dit lui même dans sa chanson : il est « un trou du cul mais l’assume »), une figure clivante à la personnalité détestable, mais force est de constater qu’il n’est pas moins un véritable showman. Un show, justement, très chaud, avec spectacle pyrotechnique et mise en scène grandiloquente, servant parfaitement le final apocalyptique sur « Watch the world burn ».

Hué en 2017 au même Hellfest, LINKIN PARK revient donc sur le champ de bataille avec, cette fois, un public conquis d’avance. La foule est gigantesque et attend de pied ferme le groupe, désormais mené par Emily Armstrong (remplaçant le regretté Chester Bennington). Sans trop de surprise, le concert est un spectacle énorme, 100 % américain, bien ficelé et millimétré. La setlist est en béton armé et, cette fois, personne ne s’en plaint. D’ailleurs, au milieu de la foule, on apercevra un fan et sa pancarte « Chester will be proud » (Chester serait fier). De quoi offrir un peu de douceur en cette fin de festival qui s’est clôturé, comme il se doit, par un feu d’artifice et les dates du prochain Hellfest. Le rendez-vous en Enfer est donné du 18 au 21 juin 2026. On s’y retrouve ?

Texte et photos : Aurélien Germain


>>> Relire la partie 1 de notre chronique du Hellfest 2025 en un clic ICI

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