Au Tour du vrac : l'aventure tourangelle de Claire Dupont

Piano et accordéon façon Yann Tiersen, image avec filtre adapté, envie de plonger nos mains dans le réservoir à lentilles ou celui des pâtes sèches… Sauf que les conditions d’hygiène et la forme du bac nous en empêchent. Et puis admettons-le, nous ne sommes pas dans Amélie Poulain. Juste à l’épicerie locale et bio Au Tour du Vrac, quartier Velpeau, qui fêtera ses six ans en octobre prochain.

Pour Claire Dupont, si on n’est pas dans un film, on est en tout cas dans un rêve devenu réalité. Cette ancienne Parisienne avait une image idéalisée de la vie provinciale. Elle l’admet volontiers : « À Paris, on vit dans l’anonymat. Donc je m’imaginais la vie en province comme une vie de proximité, où tout le monde se connaît dans le quartier. » C’est à ce moment que vous soupirez peut-être en nous lisant, en pensant si fort qu’on l’entend : « Encore un fantasme de Parisien ! ».

Sauf que pendant que nous discutons avec Claire sur la petite terrasse estivale installée face à l’épicerie, Philippe vient déposer des graines de kéfir qu’un autre client récupérera. Et le dimanche, vous tomberez peut-être sur les plantes que Brigitte met parfois à disposition gratuitement devant le magasin. Force est de constater que Claire, avec son épicerie, a réussi ce pari de créer des liens de proximité avec le quartier. Elle s’en réjouit sans s’en vanter : « J’habite le quartier, ça facilite les choses. Et le magasin est aussi bien fait pour cela : quand vous faites vos courses, vous n’êtes pas caché derrière un rayonnage. Tout le monde se voit, entend, lorsqu’une conversation se lance sur la vie du quartier ou l’engagement citoyen, vous pouvez y participer, c’est convivial. On connaît le nom de nos habitués, on prend de leurs nouvelles… Et l’équipe est sympa ! »

Claire a en effet choisi de ne pas travailler seule, depuis qu’elle a débuté l’aventure au hasard d’une formation proposée par le Réseau Vrac en 2018. Aujourd’hui Maud, Bastien, Luna sont là pour tenir la boutique avec elle ou à sa place. Cette organisation lui a permis de ne pas s’épuiser, et d’avoir du temps pour elle. Un temps qu’elle consacre aux actions qui lui tiennent à cœur avec l’association des commerçants de Velpeau pour faire vivre le quartier, ou auprès de l’association Au Tours des Possibles pour la préservation de l’environnement.

Pourquoi l’épicerie vrac de Velpeau est-elle toujours là quand presque toutes les autres ont disparu ? A part La Fourchette Paysanne place de la Victoire, le paysage est morne : Day by Day rue des Halles, Baucartier à Paul Bert, La Mesure à Saint-Avertin ou Picotti à Fondettes ont fermé il y a plusieurs mois déjà… Claire remercie le Covid qui a fait connaître sa boutique à tout le quartier en un temps record. Mais quelque chose nous dit que la personnalité de la propriétaire et l’esprit qu’elle insuffle au lieu y sont aussi pour quelque chose….

Emilie Mendonça
Photos : Émilie Mendonça – Réseau Vrac

> ALLER PLUS LOIN : le vrac en vrac

La vente sans emballage a tout pour plaire : prix pas si élevé si on y regarde de près, et geste pour la planète. Mais sur treize épiceries spécialisées en Indre-et-Loire en 2021, il n’en reste qu’à peine la moitié. Même régime amincissant à l’échelle régionale. La crise est nationale : le secteur faisait 660 millions de chiffre d’affaires en France en 2024. C’était 850 millions en 2022. Inflation ? Prix du bio trop élevés ? Habitudes de consommation encore trop ancrées dans le système avec emballage ? À Velpeau, on a connu une baisse d’activité, mais pas de naufrage.