Vrac, local et bio, le pari d’Anne-Gwénolée Tu et de son épicerie "Sur la branche"

Publié le 06-10-2021 11:22:35 Modifié le 05-10-2021 11:36:22 Par tmv

#VisMaVille Anne-Gwénolée Tu est gérante de l’épicerie locale et sans emballage, Sur la Branche, à Tours. Investie dans le zéro-déchet, elle se bat pour participer à une économie plus vertueuse.

Place de la Victoire, ce mercredi après-midi, le magasin ne désemplit pas. Familles, étudiants, retraités… tous passent faire leurs provisions et prendre des nouvelles. « Vous ne fermez pas, rassurez- moi ? » Car Anne-Gwénolée Tu, la gérante et fondatrice de Sur la Branche depuis 2017, traverse une mauvaise passe financière et vient d’en informer ses clients par mail (lire ci-dessous).

L’épicerie locale de quartier prend plus que jamais tout son sens. « Nous étions les premiers à Tours à allier vrac, produits locaux et bio, assure Anne-Gwénolée Tu. Nous sommes investis dans un réseau d’associations zéro déchet, nous aimons conseiller nos clients dans leurs démarches, leur donner des recettes, des astuces et les orienter vers les bonnes personnes. L’idée est d’avoir affaire à des hommes, loin de l’industrie agro-alimentaire. »

Bref plus qu’une épicerie, Anne- Gwénolée participe à la promotion du zéro-déchet et d’une alimentation de qualité au sein des réseaux tourangeaux. Ici les clients amènent leurs bocaux et emballages, ce qui permet de choisir la quantité. Dans le magasin, s’affichent les portraits d’une quarantaine de producteurs locaux, du maraîcher de Saint- Pierre-des-Corps aux huileries de Touraine. « Ce n’est pas juste vendre des pois chiches et des pommes de terre mon métier, je suis allée sur leurs exploitations, on partage une démarche. »

Le déclic s’est produit très jeune. Végétarienne à 18 ans, elle parcourt le monde en faisant du woofing et plonge dans ses intérêts : la nature et l’alimentation. Notamment grâce à son colocataire qui était brasseur. Alors installée en région parisienne, elle évoluait dans le milieu de la librairie de luxe. « Je suis passée de la vente de livres qui coûtait des milliers d’euros à des légumes », sourit la pétillante brunette, aujourd’hui 37 ans.

Un milieu dont il lui est resté la rigueur du travail et le goût de la qualité. Elle monte alors une section de la Ruche qui dit oui dans la brasserie de son ami. Elle découvre aussi Tours et tombe amoureuse de la ville. En 2017 la voilà lancée dans l’aventure Sur la Branche.

« Je voulais une épicerie du quotidien. Il est difficile de ne faire que du local et du bio, mais j’essaie que les produits viennent le plus près possible. 95 % de nos produits sont quand même bio avec des valeurs éthiques. » Ce qui n’est pas bio n’en est pas moins respectueux de l’environnement et local comme le garum du pêcheur Thierry Bouvet. Singularité, l’épicerie propose aussi des casiers de poissons frais deux fois par semaine, grâce au réseau Poiscaille, qu’il suffit de choisir sur internet. Et les paniers bio sont sans engagement.

Textes et photos : Aurélie Dunouau


Épicerie bio en difficulté

Depuis la crise du Covid, la fréquentation de l’épicerie n’a cessé de décroître. « Nous étions à 1 600 clients par mois avant le Covid, nous sommes à présent à 1 000 clients par mois, cela s’est surtout creusé depuis le printemps dernier. Notre seuil de rentabilité n’est plus atteint », alerte Anne-Gwénolée Tu, la gérante de Sur la Branche. Résultat : – 30 % de chiffre d’affaires. « Si les clients ne reviennent pas et surtout durablement, nous ne pourrons pas continuer. » Elle signale d’autres cas similaires de boutiques indépendantes en difficulté. Le tout récent drive du bons sens à Chambray-lès-Tours vient de fermer ses portes.

> Sur la branche, 2 place de la Victoire, à Tours.

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