Troublant Mezzanotte

Publié le 30-06-2015 16:00:31 Modifié le 05-04-2019 16:31:59 Par tmv

Pour son premier film, le réalisateur Sebastiano Riso peint une ode à l’émancipation.

Androgyne, glam rock, marginale. Davide a quatorze ans, l’âge auquel les adolescents se cherchent. Il n’échappe pas à la règle. Lorsqu’on lui demande s’il est homosexuel, le jeune répond : « Un garçon m’a plu, une fois. » Mezzanotte, minuit en italien, narre le récit initiatique de ce jeune fugueur. Il laisse derrière lui les heures sombres de son enfance passée aux côtés d’un père homophobe mais aussi de tendres moments avec sa mère aimante. Rita est malade, elle perd la vue. Comme si elle ne supportait plus de voir la réalité, celle de son mari persécutant leur fils.

Davide arpente seul les rues de Catane, en Sicile. Et y découvre une nouvelle facette de la vie, plus sombre. Tapins, dealers, clochards, travestis… L’Italien se perd jusqu’au jardin malfamé de la ville. Finalement, il s’y retrouve. Là, au sein d’une bande de prostitués gays. Avec Mezzanotte, son premier long-métrage, Sebastiano Riso traite des sujets sensibles : prostitution, homosexualité, question du genre. Présenté à la Semaine de la critique au festival de Cannes l’année dernière, ce film n’avait pas besoin de sa mention « inspiré d’une histoire vraie » pour être authentique. Mezzanotte est une peinture sociale.
Troublante, l’histoire de cette société où les marginaux font tâche. Le décalage, Sebastiano Riso l’assume aussi dans sa réalisation avec une double temporalité maintenue tout au long du film. Utilisés par touches, les flashbacks forment une rupture dans la chronologie, comme pour mieux exprimer la fracture entre Davide et son père. Davide Capone porte son premier rôle avec brio, le regard perçant et la voix angélique lorsqu’il susurre Motherless Child. La musique aide le personnage à l’oubli sans jamais détourner le spectateur de cette réalité et de la colère qu’elle inspire. Filmé essentiellement la nuit, Mezzanotte met la lumière sur ce ghetto de l’ombre où s’enferment des individus rejetés. Où l’adolescent progressivement attiré par les hommes, a ses premiers rapports sexuels.
Une fois d’abord, avec un prostitué. Puis, avec un proxénète pédophile. Le réalisateur suggère l’acte, sans pour autant le montrer. Comme pour ne pas voler toute la candeur du jeune Davide. Aussi parce qu’il est ce réflexe de la société, de détourner le regard lorsqu’une situation dérange. Un message que Sebastiano Riso délivre pendant quatre-vingt quatorze minutes. Et dans sa dernière scène, pleine de cette rage que le film ne peut plus contenir : une ode à l’émancipation… Un cri du cœur.

Film dramatique (Italie), de Sebastiano Riso. Durée : 1 h 34. Avec Davide Capone, Vincenzo Amato, Micaela Ramazzotti, Pippo Delbono…
NOTE : ***

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=wy1jknBL8fQ[/youtube]

NOTATION :
**** CULTEissime
*** TOPissime
** PASMALissime
* BOFissime
X NULissime

Tags : androgyne avis ciné cinéma critique dealer italie mezzanote note société synopsis tmv tmvmag Tours troublant

Catégories : Ecrans

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