Sur la Loire, Beat Matazz se met au rythme du fleuve

Sa barbe récente et fournie lui donnerait presque des airs de vieux loup de mer. Pas question pourtant de jouer Le Vieil homme et la mer ni le Capitaine Haddock. Pour deux raisons : le musicien Beat Matazz, ou Marco Pillitteri de son vrai nom, n’a pas l’âge pour, et c’est sur la Loire qu’il a trouvé son nouveau terrain de jeu il y a plusieurs mois. Peut-être un capitaine Nemo, pour son inventivité ?

Les plus âgés d’entre nous se souviennent du duo formé avec Stephen Bess, Funktrauma. A l’époque déjà, les codes étaient bousculés et la percu assumée. Depuis, Beat Matazz a pris son envol en solo, entre concours internationaux de finger drumming en Allemagne, rap posé dans un anglais impeccable sur ses instrumentaux, et le plus récent spectacle pour enfants « Cosmos »…

Mais depuis trois ans, ce n’est plus l’espace que l’artiste tourangeau rêve d’arpenter, mais la Loire… « Le fleuve est presque devenu une obsession pour moi. Dès que je suis à proximité, sur un pont ou sur la rive, j’observe son niveau, je regarde si les bancs de sable affleurent… Je m’y sens bien quand je navigue. » Sur sa barque devenue le Beat Boat I de la compagnie Systemic, il a appris à apprivoiser le fleuve, à force de tests, et de questions en (sur)nombre aux mariniers de Bréhémont ou Rochecorbon, au gré des rencontres.

Installé à Bréhémont depuis quelques années, tandis que les bureaux de sa compagnie Systemic sont à Tours centre, le marin d’eau douce navigue entre la campagne et la ville, conscient du paradoxe de ses dizaines de kilomètres avalés chaque semaine pour un homme qui souhaite participer à la défense de l’environnement. Celle-ci est au cœur du projet Le Son des Voiles, qui mêle sa musique aux pas chorégraphiés entre hip-hop et danse contemporaine par Simon Dimouro, dans un décor forcément captivant : les bords de Loire.

Pour lui, une idée simple : « L’envie d’explorer et de parler du lien au vivant, en amenant dans un milieu naturel et patrimonial des arts qui n’y sont pas souvent représentés. » L’ampli est au minimum pour ne pas déranger les oiseaux, et embarquer doucement mais sûrement les spectateurs dans l’aventure. C’est chose faite avec les premières dates d’une tournée 2025 qui se déploie dans le Val de Loire.

Il aura fallu trois ans de réflexion, et trois mois de chantier participatif aux Beaumonts pour créer une toue cabanée devenue bateau-scène grâce à une cinquantaine de bénévoles motivés, pour aboutir à la première mise à l’eau à Tours le 28 avril, et un premier concert dans le Loiret- Cher le 10 mai. Les bateaux montent ou descendent la Loire pour les dates prévues cet été, avec déjà d’autres rêves en tête pour Marco : la Seine en 2027, et les Pays-Bas ou l’Allemagne par la suite… Toujours en eau douce, avec ce Beat Boat II aux parois d’écailles métalliques, poisson musical qui transporte l’art au fil de l’eau.

Emilie Mendonça
Photos : Systemic et Jeremy Deconzanet

La tournée du Son des Voiles

Les deux Beat Boat (la toue cabanée et le petit voilier façon barque) feront escale à la guinguette de Tours à compter du 3 juillet pour accueillir d’autres artistes sur la scène flottante. En avant-première, voici le programme : le pianiste à vélo Björn Gottschall le 3 juillet, Samuel Garcia le 6 juillet puis le trio vocal Unio le 8 juillet et le duo Garcia le 9 juillet, avant une conférence sur les musiques électroniques par Beat Matazz le 10.

Et ailleurs ? Le Beat Boat fait escale à Langeais le 5 juillet, et sera posé à Nouzilly le 21 juillet. Et après ? Les Pays de la Loire cet été, et 2026 pour la Touraine !