L'urbex : retrouver l'âme des lieux oubliés

Publié le 24-01-2024 07:27:47 Modifié le 24-01-2024 11:34:04 Par tmv

#EPJTMV Les ruines sont l’essence de l’exploration urbaine. L’histoire derrière celles-ci, aussi. Près de Tours, un parc immobilier a déchaîné les procès et fait verser des larmes. Mais il fait aujourd’hui le bonheur de quelques aventuriers, passionnés d’urbex.

Près de Tours, le long d’une route d’une commune voisine, un paysage de pavillons abandonnés attire l’œil des passants. Vitres, portes et escaliers ont été retirés de ce chantier pourtant presque achevé. Ils ont laissé place à des murs recouverts de tags. Les lieux sont-ils complètement vides ? Pas tout à fait. Entre deux maisons, quelques adolescents courent et se cachent. « Eux, ils doivent venir pour casser », suppose Axel. Ce déménageur de 32 ans est ce qu’on appelle un urbexeur. Le nom est tiré de la pratique qui le passionne : l’urbex, pour « urban exploration ». En français, l’exploration urbaine.

Ce lieu abandonné, qui était censé être un village de vacances, est devenu un repaire pour ces passionnés. « Avant, je posais des compteurs Linky, je travaillais dans la commune d’à côté et comme tout le monde, j’ai vu les maisons abandonnées. Depuis, je suis venu une quinzaine de fois ici. »

Sur ce terrain, des morceaux de verre et des tuyaux traînent par terre, des mousses isolantes moisies pendent au plafond. L’intérêt semble minime. « Ce qui me passionne, c’est l’histoire qu’il y a derrière. Et ici, il y en a une. Quand vous explorez des châteaux abandonnés, vous tombez sur des lettres, des correspondances, des documents qui racontent la vie que ces lieux ont connu. »

L’histoire n’est pas toujours très joyeuse. Ce lieu devait devenir un village vacances avec piscine, balnéothérapie et restaurant de 250 couverts dans 11 hectares de nature. Mais la société en charge du chantier met la clé sous la porte en 2012. Le projet a déjà pris trois ans de retard. « Les entreprises sont venues et ont récupéré tout ce qu’elles pouvaient ! Regardez, il n’y a plus de gouttière, plus d’escalier, plus aucune fenêtre », pointe du doigt Axel alors qu’il se balade dans ce qui aurait dû être une rue. Les ruines des habitations, de la piscine et du gymnase gisent dans le froid hivernal.

Un second souffle

Le lieu reprend vie quand les urbexeurs s’en emparent. « C’est tellement connu que beaucoup de gens y viennent. Or, plus il y a de passage, plus c’est dégradé », juge Axel, fort de son expérience. Il a décidé d’organiser une partie de sa vie autour de cette passion. « Quand tu pars en vacances, tu regardes les lieux où tu vas aller faire un tour. J’ai même mis un matelas à l’arrière d’une voiture pour partir explorer des lieux sur plusieurs jours. »

Plus loin, l’aventurier nous conduit dans ce qui semble être un ancien gymnase. Ici, aucune trace de parquet, mais les rayons du soleil qui traversent le toit troué illuminent les quelques tags. Le silence n’est rompu que par les gouttes d’eau qui tombent des plafonds. Pour le jeune homme, plusieurs types d’explorateurs existent.

« Tout le monde connaît les casseurs. Ce sont ceux que personne n’aime car ça ne sert à rien de casser. Les tagueurs aussi, quand c’est du béton comme ça, pourquoi pas si c’est beau. Mais certains taguent même de très vieux châteaux, c’est dommage. Quant aux photographes, ils sont nombreux parce qu’ils adorent ça. Et il y a aussi ceux que j’appelle les brocanteurs qui viennent récupérer des objets pour les revendre. » Il ne dira pas dans quelle catégorie il se situe.

Une pratique dans l’ombre

Alors que la visite du gymnase se termine, l’heure est venue de quitter les lieux, sans faire trop de bruit. La discrétion est le maître mot de cette pratique. Si rien en soi n’interdit d’explorer de vieilles ruines, bien souvent, celles-ci se trouvent sur des propriétés privées où il est interdit de pénétrer.

Direction un nouveau lieu ? Pour aujourd’hui, non. Il faudra d’abord passer quelques heures à en repérer un. Il n’est pas dans la coutume de partager la localisation des « spots ». La recherche fait partie intégrante de la passion. « Je suis abonné à tous les sites d’urbex. Dès que je vois la photo d’un lieu, je fais des recherches avec les images pour les trouver. Je regarde de vieilles cartes postales aussi », conseille Axel, sans en dire tellement plus. Avec un peu de chance, il l’espère, son prochain lieu d’exploration sera tout autant chargé d’histoire.

Clara Demajean et Axel Monnier, journalistes en formation à l’EPJT
– Photos : Emma Sikli, journaliste en formation à l’EPJT


> Retrouvez l’interview d’Olivier Chantôme, photographe et spécialiste de l’urbex en cliquant ICI

 

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