Le collectif 3x3, une ressource pour la jeune génération de musiciens

Quand Tom a laissé tomber le lycée, il a dû s’expliquer auprès de ses parents. Pour lui, c’était une évidence : « Je m’étais blessé au dos durant mon CAP Charpente, j’avais dû arrêter même si j’aimais bien ça. Mais dans le bac pro menuiserie alu et verre, avec les livraisons de pizzas le soir, je ne m’épanouissais pas. J’ai donc tout arrêté pour la musique, mais en me préparant : j’avais trouvé une formation d’ingénieur du son à Paris. Ça a montré à mes parents que c’était du sérieux. »

Aujourd’hui, Tom a deux casquettes : comme artiste, il est Beegy. En plus d’avoir enregistré quelques titres et leurs clips, il est aussi monté sur scène. Et pas n’importe quelles scènes : participation à la première partie de Souffrance et Jeune Mort au Temps Machine en 2024, ou à celle de Demi Portion au Bateau Ivre. Des noms que les fans de rap reconnaissent aux premières notes.

En ce moment, c’est sous une autre fonction qu’on le retrouve dans le monde du rap tourangeau : en tant que manager, avec sa structure GHN Music. Une voie qu’il n’aurait pas envisagée sans la dynamique du Collectif 3×3 dont il fait partie.

3×3, 3 fois plus de talents

Niché dans la cave d’une colocation aménagée en studio d’enregistrement, près de la place de la Liberté, le 3×3 est devenu un lieu et un nom incontournable dans l’univers du rap local. Le producteur et ingénieur du son Ënwyn Mahoney y accompagne les jeunes artistes, non loin de Willy qui coordonne les activités de l’association et du collectif.

Plus qu’un studio d’enregistrement, le 3×3 est une ressource pour la jeune génération : on y crée des liens et on y découvre les ficelles du monde de la musique pour devenir des professionnels. Sur place, on travaille donc avec le matériel qui s’impose : Apollo Twin, préamplis Neve 1073, Neve 88rs, Avalon et SSL, micro Neumann TLM103…

Si pour nous, ces noms n’évoquent rien, pour les connaisseurs, cela veut tout dire ! Au gré des rencontres lors de concerts, ou de messages Instagram, des liens se créent entre jeunes talents et bénévoles engagés. Depuis Charentilly où il enregistrait ses titres dans sa chambre d’ado, Gab a envoyé un message privé. Une première rencontre avec Willy à la Fête de la musique, l’an dernier, et l’affaire fut rondement menée : entrée dans l’association du lycéen qui, rapidement, travaille sur ses titres au studio, et donne un coup de main sur les actions du collectif.

Là encore, les parents ont été convaincus : « Toute l’équipe du 3×3 est venue les rencontrer à la maison, pour créer du lien, pour que mes parents voient que ce sont des gens de confiance, et que c’est un vrai projet. » Et pour les rassurer, ou pour creuser la piste initiée par cette expérience associative (on penche pour la seconde option), il est aussi aujourd’hui en BUT Carrières Sociales à l’IUT de Tours.

Plus que de la musique !

Bien sûr, au 3×3 on est fier du parcours artistique des membres du collectif : LYAA, entrée dans la bande il y a trois ans, a participé aux auditions des Inouïs du Printemps de Bourges cette année, et joué au Bateau Ivre ou au Temps Machine. HoneyLee, 5,7 Photon et Gab apparaissent régulièrement sur les progs des bars et salles de la région.

Mais l’association va plus loin, avec en arrière-plan l’idée que tout cela, « c’est aussi de l’éducation populaire : donner des cartes à des jeunes passionnés, les amener à s’en sortir par la musique ». En coulisses, les membres développent donc aussi leurs compétences professionnelles, trouvent des stages grâce au réseau de l’association. En plus de travailler avec le beatmaker Kawem, LYAA a découvert « les tips de la musique ! Je ne connaissais pas le fonctionnement de ce monde, les subventions, les dossiers de presse… Le 3×3 m’a permis de me professionnaliser ! »

Quant à Tom, l’ancien lycéen, rappeur devenu manager, il a pu rencontrer l’équipe de l’éditeur Baco Publishing où il est aujourd’hui en service civique. « Je m’y donne à 200 %, car ça me passionne, et j’apprends. » Pour le collectif, mission accomplie : le rap et l’éducation populaire portent leurs fruits.

Emilie Mendonça
Photo ouverture : @Loic Randuineau