Hellfest : plongée dans une édition 2025 bouillante (partie 1)

Publié le 25-06-2025 17:23:49 Modifié le 25-06-2025 18:32:59 Par Aurélien Germain

Chaleur écrasante, affluence massive, programmation éclectique, belles découvertes et public à bloc… De retour des flammes de l’enfer, on vous raconte cette édition 2025 du festival Hellfest.

Le Hellfest n’aura jamais aussi bien porté son nom ! Du 19 au 22 juin 2025, le festival des musiques extrêmes s’est tenu sous une chaleur infernale, avec un thermomètre flirtant avec les 39 degrés – ressenti 666 degrés – et sous un soleil de plomb. Mais pas de quoi refroidir les 280 000 personnes présentes (un record) réunies pendant quatre jours à Clisson.

Tant qu’à continuer sur les chiffres qui filent le tournis, rappelons que le festival, avec ses 180 groupes programmés, avait vendu la totalité de ses pass 4 jours en 30 minutes (sans même avoir dévoilé un nom de son affiche) et les pass 1 jour en moins de dix. Et si vous êtes restés bloqués sur la canicule qui a fracassé les festivalier(e)s, sachez que 400 malaises ont été recensés, qu’il y a eu 2 940 prises en charge et 30 évacuations vers l’hôpital.

Côté affiche maintenant, c’est peu dire que cette édition 2025 a fait grincer quelques dents lorsque la programmation a été dévoilée. Si la présence de Cypress Hill (purement hip hop) avait interloqué, c’est surtout la tête d’affiche Muse qui a amené son lot de critiques. Trop pop, trop grand public, pas du tout metal, le groupe anglais a aussi ouvert un débat brûlant sur l’identité même du festival. Pourtant, c’est bel et bien une marée humaine qui s’est précipitée devant le concert le jour-J (spoiler pour la suite : le show était loin d’être fou, rendez-vous quelques lignes plus bas). Mais pour le reste, il fallait faire la fine bouche pour ne pas trouver son compte parmi les 180 groupes répartis sur les six scènes du site. On allume le son, c’est bon ?

JEUDI : l’entrée en Enfer

En ce jeudi d’ouverture du Hellfest, il ne fait alors « que » 35 petits degrés (haha petit joueur) et les festivalier(e)s sont déjà au taquet, en grand nombre sur la belle herbe verte du site (totalement cramée dès le lendemain), bière à la main. On commence avec DISCONNECTED pour se mettre en jambes, du metal moderne bien costaud. Efficace et bien fichu.
Dans la foulée, excité comme une puce au salon de la moquette, on se rue devant MISþYRMING. Ces gars de Reykjavik, tout peinturlurés de suie, n’ont que 40 minutes de jeu, alors autant tout miser sur l’efficacité. C’est parti pour un set ultra brutal, violent, du black metal sans concession, aux riffs acérés et imparables. Le concert se finit dans un déluge apocalyptique, le guitariste Tómas Ísdal finissant debout contre la barrière du premier rang. Les Islandais ont offert un show aussi explosif qu’un volcan, aussi bouillant que le magma.

Tant qu’à pousser mémé dans les orties (même si la pauvre ne nous a rien fait), on enchaîne avec du bourrin et MENTAL CRUELTY. Un nom tout mignon et romantique derrière lequel se cachent des Allemands qui ont décidé d’écraser la foule avec un deathcore bodybuildé. C’est méchant et hargneux comme pas deux, Deutsche qualität.

THY CATAFALQUE, rare dans nos contrées, fait le plein d’entrée de jeu. Musicalement, impossible de décrire la bête. Ça part dans tous les sens, mais le metal avant-gardiste des Hongrois chope au cou et hypnotise. Onirique, expérimental, fou.

De retour au Hellfest, l’emblématique IHSAHN délivre un concert sans faute. Et pas de doute, Vegard Sverre Tveitan de son vrai nom, lunettes vissées sur le nez, prouve de nouveau qu’il est l’un des meilleurs chanteurs et guitaristes black metal du circuit.

TILL LINDEMANN, le chanteur de Rammstein, présente pour la première fois son projet solo au Hellfest. Jugée problématique, la présence de l’Allemand sur cette édition a amené un paquet de critiques (pour rappel, le musicien a été soupçonné d’avoir agressé sexuellement, en coulisses, des fans recrutées dans le public. En août 2023, le parquet de Berlin a classé l’enquête sans suite). Mais ce sont bien des milliers de personnes qui se précipitent devant la scène principale pour assister à ce show qui… s’avère finalement plutôt fade. Le groupe semble sur la retenue, pied sur la pédale de frein, et n’axe pas assez sa set list sur les titres les plus accrocheurs. Un poil provoc’ (les clins d’œil au sexe sont nombreux) mais pas tant (les visuels projetés en fond ont été entièrement censurés), propre et carré, mais loin d’être la machine de guerre attendue.

Plus loin en revanche, JINJER distribue les torgnoles à tout va. Les Ukrainiens, emmenées par la charismatique leader Tatiana Shmayluk, envoient du lourd. Du metal technique, exigeant, qui fracasse le crâne des milliers de personnes serrées sous la scène Altar qui déborde de tous les côtés (le groupe méritait clairement la Mainstage !). Mais encore une fois, c’est Tatiana Shmayluk qui attire tous les regards, plus hypnotique que jamais, capable de passer des aigus et envolées lyriques à des voix growlées d’outre-tombe. Dingue.

Pour finir la journée, le mythique groupe KORN a renversé un Hellfest qui n’en demandait pas tant. Son poussé au max, les guitares sept cordes balancent un « Blind » d’entrée de jeu avant de proposer une setlist aux petits oignons piochant aussi dans les deux premiers albums (« A.d.i.d.a.s », « Clown », « Ball Tongue »), portée par des musiciens en grande forme (Jonathan Davis, bien en voix) et un public aux anges. Un bon gros pan dans les dents.

Avant le dodo, c’est une dose d’ELECTRIC CALLBOY qui nous attend. Alors soyons clairs : oui, il s’agit d’un plaisir coupable. Difficile d’assumer aimer cette mixture improbable et kitsch, alternant gros metal de sagouin et la techno guillerette et dansante. Mais pas de doute, ELECTRIC CALLBOY sait y faire, enchaîne les tubes et les refrains accrocheurs, mettant littéralement le feu au Hellfest, devant un public chaud bouillant, hésitant entre l’envie de pogoter ou de pratiquer ses meilleurs pas de danse fitness.

VENDREDI : de la scène féminine au metal mongol, en passant par le cas Muse

Le thermomètre ne cesse de grimper. En ce vendredi matin, même le fait de soulever notre croissant nous fait suer. Pas grave, ce n’est pas une canicule qui va nous faire louper HEXECUTOR. Dans ce groupe de speed metal venu de Rennes, les musiciens aux noms délicieux (n’hésitez pas à présenter Joey Demönömaniac ou Putrid Vön Rötten à belle-maman) ne sont pas des manches : ça joue vite, très vite, ça joue bien, très bien et ça nous renvoie direct dans les années 80.

On change de scène, direction la Valley (mais pas de Dana) pour écouter le gros rock psychédélique de DIRTY SOUND MAGNET. Léger souci : en plein cagnard, à 13 h, avec un soleil qui nous susurre « coucou, je vais te faire fondre », on préfère abandonner au bout de trois morceaux…
On va donc se réfugier sous les chapiteaux et assister au concert très attendu de SKILTRON. Formé à Buenos Aires, au Brésil, le groupe est maintenant dispatché en Europe (Finlande, Espagne et France, me dit Wikipédia dans l’oreillette) et c’est peu dire qu’il délivre là un set parfait : généreux, festif, rigolo, accrocheur. Pour la faire courte, il suffit d’imaginer du folk metal joyeux et vitaminé, emmené par des hymnes fédérateurs, des grosses guitares et… une cornemuse. Une réussite.

Il est 16 h et la chaleur est désormais suffocante. Pas de quoi retenir la furie des filles de NERVOSA qui castagnent avec leur thrash metal impitoyable. Zéro temps mort, pied au plancher, ça défouraille sec ! À noter d’ailleurs que ce vendredi 20 juin est un jour un peu spécial, car le Hellfest a décidé de laisser sa Mainstage 2 uniquement à des groupes menés par des femmes. De 10 h 30 à 2 h, on a donc pu écouter CHARLOTTE WESSELS, KITTIE, SPIRITBOX ou encore EPICA et WITHIN TEMPTATION.

De retour sur les scènes Temple et Altar – les deux seules couvertes, on vous le rappelle – on continue à perdre des litres de sueur devant le grand retour des Canadiens de 3 INCHES OF BLOOD, on entre en transe devant SOWULO et sa musique spirituelle inspirée de l’univers chamanique, païen et viking (un magnifique concert), avant de reprendre ses esprits avec TANKARD. Les Allemands sont malheureusement toujours restés dans la deuxième division du thrash metal, mais mériteraient tellement plus de reconnaissance. Riffs accrocheurs voire carrément dansants, batterie qui tape, chansons tournant très généralement autour du thème de la bière… Il n’y a pas à dire, les soiffards de TANKARD savent mettre l’ambiance et le public ne s’y trompe pas : ça slamme à tout va, les circle-pits se multiplient, la température grimpe, et au micro, Gerre, tout sourire, exhibe avec plaisir sa grosse bedaine à tout va. Merci pour l’image.

Du côté de la Mainstage, c’est une véritable marée humaine. Car pour l’entame de soirée, THE HU, tout droit venu de Mongolie, a décidé de conquérir le Hellfest. Il y a 2 ans, le festival avait fait l’erreur de les inviter sur la plus petite scène Temple face à un public en surnombre (à lire ICI) C’est donc devant des dizaines de milliers de personnes que peut se produire le groupe cette fois. Et pas de surprise : la tribu a littéralement mis tout le monde à genoux, avec son folk très rock, teinté de metal, magnifié par des instruments traditionnels et des chants diphoniques.

Quitte à perdre nos dernières forces, on file voir EXODUS qui, disons-le directement, a offert l’un des meilleurs concerts du festival. Le show démarre sur l’intro « We will rock you » de Queen, mais « we will kill you » aurait bien mieux fonctionné : EXODUS est une machine à tuer. Le set est d’une violence inouïe, leur thrash metal sans pitié torpille à tout va. À la guitare, Gary Holt, vêtu de son célèbre t-shirt « Kill the Kardashians », mitraille comme pas possible et, en pleine forme, court d’un bout à l’autre de la scène. La fosse est en ébullition, le chapiteau est devenu un dôme de chaleur. À la fin de cette heure intense, le public exsangue est tout sourire. EXODUS est venu, a vu, a vaincu.

Autant dire qu’à quelques mètres de là, l’ambiance est tout autre. Sur la Mainstage 1, c’est désormais au tour de MUSE et force est de constater que la venue du groupe anglais a clairement drainé un autre public, différent, et, de notre observation, un sacré paquet d’invités VIP jouant davantage les touristes que les fans de musique. Côté musique justement, MUSE sait évidemment y faire, il offre un spectacle XXL.
Toutefois, rapidement, on soupire face à ce mix approximatif et brouillon, le son de guitare restant quasi-inaudible sur une bonne demi-heure (l’ingé-son doit actuellement pointer à France Travail). Pour le fan service, les British, histoire de se mettre les metalleux dans la poche, glissent des micro-reprises de Slipknot, Nirvana ou encore de nos Gojira nationaux. Des tubes comme « Hysteria » et « New Born » ravissent une foule qui s’étend à perte de vue. Chacun se fera son idée et son avis, mais avec un tel accueil, le Hellfest risque bien d’élargir encore plus sa programmation dans les prochaines années…

Texte et photos : Aurélien Germain

>>> Lire partie 2 : Hellfest 2025, compte-rendu du samedi et dimanche en un clic ICI !

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