Aux Prébendes à Tours, Hugo et Dimitri donnent un coup de jeune à l'épicerie de quartier

Si on les croisait place Plum’ un samedi soir enfiévré, on imaginerait volontiers deux potes dans la vingtaine, peut-être même deux colocs, dans le sport ou la photo. Et on n’aurait pas faux. Vingt-quatre ans pour Dimitri, vingt-trois ans pour Hugo, ils se sont connus au lycée Descartes. Puis, les chemins professionnels se sont séparés, mais l’amitié est restée, au point d’emménager en colocation en novembre 2024.

L’idée de devenir épiciers de quartier ? Elle fait son chemin dès le mois de décembre suivant, lorsqu’Hugo repère un local vacant à l’angle de la rue des Prébendes et de la rue Salengro. À l’époque, Hugo est photographe, et Dimitri coach sportif indépendant. À un milliard d’années-lumière du commerce de proximité, non ? « Le point commun, c’est travailler en indépendant », précise Dimitri, avant d’ajouter : « comme dans ce qu’on faisait avant, tenir ce commerce de quartier, c’est gratifiant. Les gens entrent et partent avec le sourire, nous remercient car on réalise qu’on vient répondre à un besoin du quartier. »

Une petite enquête de voisinage, des échanges avec les passants et leurs souvenirs d’enfance ont aidé les deux jeunes hommes à faire germer le projet : « Ma mère disait toujours quand on habitait quartier des Halles qu’elle ne voudrait pas être aux Prébendes, car elle veut pouvoir sortir acheter son pain au coin de la rue », raconte Dimitri.

Hugo, lui, a grandi aux Prébendes et a souvent entendu les commentaires sur le manque de commerces de proximité. Ils ont pourtant un jour existé, comme en témoignent certaines devantures sur des bâtiments transformés en habitations ou cabinets médicaux.

Produits variés, producteurs et fournisseurs triés sur le volet (local, bio, ou les deux), horaires étendus jusqu’à 20 h et sept jours sur sept… Quatre mois après l’ouverture du Petit Marché des Prébendes, la preuve est faite : il y avait bien un besoin de commerce dans le quartier ! En proposant aussi bien des fruits et légumes frais que des fromages, viandes, pains et viennoiseries, et des produits secs (pâtes, conserves, boissons), le duo a réussi son pari.

La petite course d’appoint du dimanche, ou les courses de la semaine, la clientèle est au rendez-vous. En coulisses, Dimitri et Hugo ne chôment pas : 6 h par jour chacun sur place, sans compter les heures à gérer l’administratif, les commandes, et les projets. Car ils n’entendent pas s’arrêter là : agrandissement prévu dans les mois à venir, réflexion en cours pour proposer des plats à emporter…

Jusqu’ici, les entrepreneurs ne se versent pas de salaire, pour investir et pérenniser leur projet. Quant à la vie en colocation (désormais au-dessus du local), ils avouent ramener le travail à la maison. Prochain défi ? « Trouver le temps de continuer à faire des trucs de potes, comme partir en week-end, sans parler boulot ! »

Emilie Mendonça
Photos : Émilie Mendonça et le Petit Marché