Au bout du monde
Publié le 02-12-2024 18:00:17 Modifié le 02-12-2024 18:00:17
L’autre jour (ou peut-être une nuit, comme dirait Barbara), il a dormi trois heures. Oui, trois heures de suite ! C’est quelque chose de plutôt rare dans la course au large. « J’étais dans le coma total ! », a-t-il dit à son réveil. Jean Le Cam, c’est le doyen du Vendée Globe. Il sait qu’il ne gagnera pas la course. Il n’a pas le bateau pour. Mais nous, on sait qu’il ne lâchera rien quand même. Il n’est pas Breton pour rien, Jean.
Depuis l’abandon de Maxime Sorel, le 15 novembre, ils sont 39, comme lui, à se battre entre deux dépressions, seuls face à l’océan, au bout du monde. Et cette image, ce temps suspendu, ce combat pour l’essentiel, avancer, résister, il résonne vraiment dans l’époque que nous traversons. Ils ont décidé de mettre le monde entre parenthèses, de se concentrer sur la cellule souche de l’existence.
Un marin, un bateau, un objectif. Le reste, c’est de la fadaise, c’est du poids mort, ça ne compte pas plus que le liseré d’écume sur la crête de la vague. Dans le flot de l’actualité, pas toujours d’une grande fraîcheur marine, c’est un message qui fait du bien.
Matthieu Pays
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