70 ans de silence

Comment est-ce possible ? Des mythes qui construisent le socle d’une nation, des femmes ou des hommes qui incarnent des valeurs universelles, des figures que chacun porte un peu dans son cœur, quelle que soit son origine ou ses convictions, il n’y en a pas beaucoup. C’est rare et c’est précieux. Plus l’enquête sur la véritable personnalité de l’abbé Pierre avance, plus on se rend compte qu’en fait, beaucoup de gens savaient et depuis très longtemps.

En 1955, nous sommes un an seulement après l’appel qui figure presque au même rang, dans nos mémoires collectives, que l’appel du 18 juin ou le « I have a dream » de Martin Luther King. Et le Vatican sait déjà. Des découvertes dans les archives viennent de nous le démontrer.

Mais l’abbé est un visage populaire de l’église. Alors qu’il était encore temps, alors qu’il n’était encore qu’une star et pas encore une icône, on décide de ne rien faire et de s’enfermer dans plus de 70 ans de silence. Une éternité et plusieurs dizaines de victimes plus tard, ce choix de 1955 ne peut que donner le vertige. Ou bien plus.

Matthieu Pays