Wrong Cops : 100 % punk !

Publié le 18-03-2014 17:08:41 Modifié le 05-04-2019 16:32:15 Par tmv

Avec son nouvel ovni comique, déjanté et foutraque, Dupieux (re)dynamite le cinéma hexagonal. 100 % punk et jubilatoire !


En 2006, il avait réalisé un film sur des caïds liftés à l’extrême (Steak). En 2010, il s’était même lancé dans un long-métrage sur un pneu tueur et télépathe (!) avec Rubber. « Il », c’est Quentin Dupieux : l’anarchiste du cinéma, l’extra-terrestre dans ce monde tout mignon et pailleté du grand écran. Le genre de fou furieux courageux qui écrase l’académisme au bulldozer.
Et sa machine de guerre anticonformiste revient avec Wrong Cops, délire cinématographique filmant Duke, flic pourri et corrompu, fan de musique électro, dealer, qui terrorise les passants dans la rue. Autour de lui gravitent des collègues tout aussi infects ; véritable panoplie foldingue allant de l’obsédé maître chanteur au borgne difforme se rêvant star de techno…
Un quotidien perturbé quand le voisin qu’a tué Duke (« une petite erreur », selon lui), planqué dans son coffre, se réveille. Punk et irrévérencieux, Wrong Cops l’est assurément. Surréaliste aussi. Trame narrative simpliste, lumière miteuse et jaunie, cadrages parfois absurdes : Dupieux canarde les conventions et réalise son propre cinéma, décalé, à l’humour corrosif. Un joyeux n’importe quoi.
Sur fond de musique électronique entêtante (Quentin Dupieux est aussi connu sous le nom de M. Oizo, l’homme au 3 millions de singles vendus de son morceau Flat Beat), Wrong Cops dessine ses protagonistes au marteau-piqueur : l’habitué Mark Burnham est un monstre de saleté déviante, hilarant dans ses interventions de tyran mal luné ; Arden Myrin excellente en fliquette neuneu et vénale ; Éric Judor bien meilleur que dans tous ses films grand public ; Steve Little en officier véreux rattrapé par un passé de films douteux… Une galerie de personnages hautement explosive. Avec une mention spéciale pour l’apparition du chanteur Marilyn Manson, tordant en ado semi-autiste, mal dans sa peau, lors d’une pause pipi en face-à-face avec un policier.
Finalement, difficile de catégoriser un tel ovni, mille fois plus cinglé et extravagant qu’un 9 mois ferme de Dupontel. Transgressif (la scène de l’enterrement) et amoral (la drogue cachée dans des rats morts), Wrong Cops réussit paradoxalement à plaire, faire rire (surtout en V.O !) et intriguer. Comme si Police Academy s’était acoquiné avec les Ripoux, en version trash et sans pitié.
Alors oui, pas facile d’appréhender un tel univers ou simplement débrancher son cerveau pour comprendre le génie loufoque et absurde de Quentin Dupieux. Mais force est de constater que le réalisateur français fait un bien fou à un cinéma coincé, grâce à son Wrong Cops délicieusement déjanté. Et une telle audace, c’est non seulement jouissif, mais aussi à saluer.
Aurélien Germain
NOTE : ***
Comédie, de Quentin Dupieux (France / États-Unis). Durée : 1 h 25. Avec Mark Burnham, Marilyn Manson, Éric Judor, Daniel Quinn, Eric Wareheim… [youtube]http://www.youtube.com/watch?v=5Ty2s0DhzGE[/youtube]

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TOUJOURS EN SALLE
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THE GRAND BUDAPEST HOTEL ***
Wes Anderson remet le couvert avec ce film onirique, fantastique, fruité, historique… Inspiré de l’esprit des oeuvres de Stefan Zweig, cette histoire de concierge d’un grand hôtel et de son « lobby boy » préféré, pendant l’entre-deux-guerres, est d’une beauté à couper le souffle. C’est drôle, attendrissant. Wes Anderson arrive à mélanger les genres, pour pouvoir les faire rentrer dans son univers baigné de nostalgie enfantine et de bric-à-brac fantastique. B. R.

THE MONUMENTS MEN *
L’histoire est originale (des soldats sauvent des oeuvres d’art de l’Allemagne nazie) et tirée d’un vrai épisode de guerre. La brochette d’acteurs frôle la perfection (Matt Damon, Jean Dujardin…). Et pourtant… George Clooney n’arrive pas à dépasser le stade du blockbuster plat et sans âme. Pas vraiment un road movie, ni une comédie ou un film de guerre, l’acteur à la chevelure grise aurait mieux fait de reprendre une tasse de café que de faire ce film. B. R.

LA BELLE ET LA BÊTE **
Christophe Gans a décidé de reprendre à sa manière le conte. Blockbuster français à 45 M€, cette relecture, avec Vincent Cassel et la talentueuse Léa Seydoux, est visuellement bluffante : photographie superbe, effets spéciaux et grand spectacle. Sauf qu’à force d’en faire trop et d’oublier certains enjeux, le film perd de son charme, de son intensité (la diction théâtrale peut rebuter), mis à part dans un dernier acte grandiose. Décidément, rien ne vaut Cocteau… A. G.

NOTATION :
 **** CULTEissime 
*** TOPissime
** PASMALissime 
* BOFissime
X NULissime

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Catégories : Ecrans

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