Crowdfunding : « Un levier de sortie de crise »

Publié le 25-06-2014 07:55:04 Modifié le 25-06-2014 07:55:04 Par tmv

Éric-Alain Zoukoua est maître de conférence à l’IAE de Tours, en faculté de droit.


Pour vous, le crowdfunding est-il un nouveau pan de l’économie ?
Je vais donner une réponse de Normand (rires) : oui et non ! Car en fait, il a toujours existé. Ce qui change, c’est l’existence du web 2.0 pour recourir à la collecte. Le financement par le peuple a toujours été là : par solidarité amicale, familiale, pour des catastrophes naturelles… Là, c’est une forme alternative qui va exister à côté d’une économie classique.
En quoi cela peut bouleverser l’économie ?
Pas vraiment bouleverser… Il y a certains projets de crowdfunding auxquels l’économie classique n’aurait jamais pensé. Par exemple, dans la musique. Le plus emblématique est Grégoire, mais il y a aussi Joyce Jonathan. On peut aussi citer les jeux vidéo qui ont connu un essor par le crowdfunding, des applis, etc. Avec cette pratique, on fait aussi un teasing : on voit comment ça évolue, ainsi que notre marché. Avec le crowdfunding, on se lance un peu plus. Mais ça, c’est le propre de tout ce qui est web : on ose plus que l’institutionnel.
Le crowdfunding, est-ce du capitalisme 2.0 ou une menace pour l’économie ?
Ce n’est pas une menace, mais un accompagnement. Surtout dans un contexte de crise et quand les banques sont frileuses dans l’accompagnement de petits projets. Ce n’est pas vraiment du capitalisme 2.0, mais une économie qui mobilise les apports du web 2.0, ainsi que ses effets positifs ou négatifs. On est dans la mondialisation, là. N’importe qui dans le monde peut financer un projet qui lui plaît. Ce n’est plus dans les mains d’initiés uniquement.
Qui se cache derrière ces donneurs ?
Il y a plusieurs formes de crowdfunding : le don, le prêt entre particuliers, l’équité crowdfunding, la contrepartie… Derrière le crowdfunding, la typologie des donneurs est contingente à la nature du projet. La forme traditionnelle, ce sont les proches, les gens à qui le projet parle.
Vous pensez que, par exemple au niveau musical, l’on doive se préparer à une nouvelle ère économique et financière ?
Je reste mesuré… Prenons le cas de l’artiste Joyce Jonathan : son premier opus a été possible par le crowdfunding, mais pour le deuxième, elle a signé avec une major. Le crowdfunding, c’était une rampe de lancement. C’est aussi un apport pour les banques et cela sert dans l’art, surtout quand on est un peu moins connu. Spike Lee, lui, a levé plusieurs millions de dollars pour son film, car il ne voulait pas dépendre des studios. L’économie classique a quand même de beaux jours devant elle. Le modèle de crowdfunding peut présenter des limites.
Est-ce que ce ne serait pas une porte ouverte pour une sortie de crise ?
C’est un des leviers, oui ! Le gouvernement l’a compris. Le Président est allé à la Silicon Valley. Il a visité des plate-formes de crowdfunding. Il aimerait que la France soit en tête là-dessus, il y a des lois qui se préparent. Le crowdfunding peut aussi financer des PME. Aux États-Unis, la pratique connaît un boom. En France, il y a une réelle volonté politique.
Propos recueillis par Aurélien Germain.

Tags : capitalisme crise crowdfunding donneur dossier tmv économie finance grand angle interview zoukoua

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