Qui se cache derrière les tags du Soleil Levant ? (3)

Publié le 28-11-2016 19:22:18 Modifié le 05-04-2019 16:39:51 Par tmv

#EPJTMV On vous l’avait dit, on a trouvé l’artiste des tags du Soleil Levant. Tmv l’a rencontrée à l’occasion de son exposition à Ballan-Miré. Gil KD nous en dit un peu plus sur son travail.

Episode 3 : “Mettre un peu de couleurs dans ces endroits tristounets”

L’artiste est fascinée par la beauté des Asiatiques. C’est pour cela qu’elle les représente. Photo : Philippine David.

Beaucoup de monde repère vos graffs dans les rues de Tours. Pourquoi avoir eu envie de taguer les murs ?

Mon but est de provoquer un instant d’émotion, donner une éclaircie dans cette vie parfois pas très drôle. Je veux mettre un peu de couleurs dans ces endroits souvent trop tristounets. Il y a beaucoup d’écritures sur les murs mais peu de dessins.

Quand a commencé cette aventure ?

Il y a près d’un an. J’ai débuté par un duo de femmes coloré au parking de l’Ile, vers le quai Paul-Bert, un mercredi à 15 heures. Aujourd’hui il y en a quinze au total à Tours et au delà. Certains sont aujourd’hui effacés ou recouverts par d’autres graffs. Mais ce n’est pas grave, ça fait partie du jeu ! Les gens doivent se les approprier. Je suis d’ailleurs surprise que la plupart de mes graffs soient toujours présents.

Vous représentez seulement « la femme » dans vos créations. Pourquoi avoir choisi de taguer des femmes asiatiques dans les rues ?

S’il y a une chose que je revendique c’est la féminité. Je veux que les femmes s’assument. Mes dernières créations sont les Japonaises en rouge. Je les dessine parce que je trouve qu’il y a un décalage entre la société puritaine, carrée et le fait de les trouver dans la rue. Elles sont sobres. Pour moi ce sont des beautés à l’état pur ! Dans la rue ces femmes deviennent libres.

Gil KD représente la féminité dans toutes ses créations. Photo : Philippine David.

Comment et pourquoi choisissez-vous ces endroits pour taguer ?

Je repère les lieux quand je circule en voiture ou à pied, sur mes trajets quotidiens. Par exemple, j’en ai fait un à la Ville-aux-Dames parce qu’il y avait plein de graffs. Je me suis dis pourquoi pas ? Ca fera un entraînement. Je le mettrai bien là ! Mon graff au quartier Blanqui est un clin d’oeil à ma fille qui y habite. Je voulais qu’elle se dise « ah, tiens ! Maman est passée par là ». J’en ai tagué un autre au parking de l’île, vers les quais Paul Bert, parce que je trouvais cet endroit incroyablement moche.

Comment utilisez-vous les éléments qui vous entourent ?

J’ai besoin qu’on voit le support sur lequel je graffe. Le dessin doit vivre avec le décor. Mais je ne tague pas dans les lieux protégés, ou sur les monuments. Je respecte aussi les tags des autres, je graffe à côté. Je ne veux pas marcher sur les pas de quelqu’un. Je n’ai pas autant de prétention !

Quand vous partez à l’aventure, qu’emmenez-vous avec vous ?

J’emmène mon escabeau et mon masque. Puis mes pochoirs aussi, car les visages sont dessinés à l’avance. Je les retouche ensuite sur place. Je fais ça en 20 minutes. Ca m’est déjà arrivé de taguer un matin aux aurores où il pleuvait des cordes, j’étais en parka, avec ma capuche… une vraie délinquante (rires).

Quelles sont vos techniques artistiques ?

Avant, je collais des dessins. Des nanas en noir et blanc sur des piliers, des ponts, des portes… que la nuit ! Je suis passée à la bombe il y a trois ans, parce que j’en avais marre des collages. Je les appelle les flash mode. Flash parce que je fais ça rapidement et mode parce que mes créations sont colorées. Dans les robes de mes femmes j’écris les mots love et peace très vite et dans tous les sens… Puis j’aime les couleurs, les fluos, le pep’s… toute la gamme de bleu, rose, orange. J’adore. Oui, je suis une éternelle optimiste.

On ne s’attend pas à découvrir une femme, de 50 ans, lorsque l’on voit vos créations. En avez-vous conscience ?

Cela ne m’étonne pas ! Souvent on me dit que mes peintures font jeunes. Il est vrai que le street art est récent. C’est la vague du moment et Tours n’arrive d’ailleurs pas à s’y mettre. Mais moi je dessinais déjà dans les rues de Paris quand j’avais 20 ans. Mon grand-père m’avait appris à dessiner à la craie. Mais les gens qui me connaissent ne sont pas surpris, parce que ces graffs me ressemblent. Ce que je fais est un trip pas possible. J’ai des projets et je sais déjà où seront mes prochaines créations…

Philippine David et Lénaïg Le Vaillant.

Tags : dessin exclusif Gil KD graffs interview Japonaises rues street art Tours

Catégories : Culture News

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