Ex machina : ambiance philo

Publié le 02-06-2015 17:45:11 Modifié le 05-04-2019 16:32:00 Par tmv

Un huis-clos robotique rigoureux qui soulève l’éternelle question de la conscience humaine et de l’existence de dieu... On a aimé!

Des montagnes à perte de vue et une villa incorporée littéralement dans la roche. Décors grandioses qui rappellent les peintures de Caspar David Friedrich décrivant une nature originelle. Loin de la folie des hommes. Au milieu de l’éden sauvage, dans cette caverne de verre et de pierre, isolé, Nathan travaille sur la découverte de sa vie : l’intelligence artificielle. Génie reclus et démiurge, il arbore une longue barbe et un corps sculpté par l’entraînement physique.

Il a invité dans son antre Caleb, un développeur de sa compagnie high-tech, Blue Book (une sorte de Google et de Facebook du futur). Le jeune homme va rencontrer la dernière création du savant : Ava. Une sorte d’Eve robotisée au visage angélique, une création ambiguë qui est censée incarner le futur de l’humanité. Plus Caleb avance, plus il découvre le Prométhée derrière Nathan, ce titan qui aurait créé les hommes à partir de boue et emprisonné par Zeus après avoir volé le feu. Dans la Grèce antique, le Deus ex machina était un acteur qui jouait un dieu. Placé sur une plate-forme mécanique, un artifice, il influait sur les personnages de la pièce.

Alex Garland, pour son premier film, s’amuse de cette manipulation, des références et de l’ampleur de son histoire. Par petites touches, comme celles laissées par le pinceau d’un peintre impressionniste, il laisse transpirer la mythologie grecque et les enjeux d’un monde où la machine serait la nouvelle espèce dominante. Une invention qui apporterait des changements forcément profonds, une problématique liée depuis des temps immémoriaux à l’homme. Au centre de cette toile épurée – les décors sont volontairement neutralisés – revient constamment la figure de Nathan. Mélange de Prométhée et d’Héphaïstos contemporain, il donne à son robot la figure d’une femme séduisante. Ava n’est pas sans rappeler une des créations du dieu grec : Pandore. Fabriquée à partir de boue et d’eau pour se venger de Prométhée, elle ouvre finalement cette boîte qui libérera la Guerre, la Maladie, la Vieillesse…

Si, théoriquement, Ex Machina ne plafonne jamais, s’inspirant aussi de la philosophie existentialiste et de la peinture expressionniste ou symboliste (Klimt et Pollock ont une place de choix dans le décor), il excelle également dans la construction cinématographique de ce huis-clos psychologique. Contraste entre les scènes extérieures et celles, étouffantes, dans cette maison presque enterrée, le film offre des airs de thrillers. De ceux qui mettent l’humanité au bord du précipice.

Film de science-fiction d’Alex Garland. Durée : 1 h 48. Avec Domhnall Gleeson, Alicia Vikander et Oscar Isaac.
NOTE : ***
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=vH76lOXIIXM[/youtube]
NOTATION :
**** CULTEissime
*** TOPissime
** PASMALissime
* BOFissime
X NULissime

Tags : alex garland avis ciné cinéma critique ex machina science fiction tmv tmvmag

Catégories : Ecrans

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