Reportage au Hellfest : côté concerts !

Publié le 26-06-2014 16:42:20 Modifié le 05-04-2019 16:40:44 Par tmv

Le Hellfest, c'est l'ambiance, les festivaliers, mais aussi des concerts de folie. Compte-rendu de plus de trente groupes en deux jours. Ouille !

SAMEDI 21 JUIN

Les festivaliers ont déjà carburé la veille, vendredi, sous un soleil de plomb. Aux dires de certains, les vétérans du heavy, Iron Maiden, ont tout pulvérisé. Mais pour ce samedi, l’affiche est tout aussi alléchante et l’ambiance toujours aussi bonne (notre reportage ambiance sur le site ICI).

Acid King  (photo tmv – Aurélien Germain)

Départ du marathon avec Benighted. La foule est déjà nombreuse. Tant pis pour l’estomac qui gargouille (il est 12 h 15), le groupe façon bulldozer a vite fait de calmer notre fringale ! Avec leur brutal death mâtiné de grind, les Français torpillent le public qui le lui rend bien : la fosse est déchaînée et la poussière grimpe jusqu’au plafond du chapiteau Altar. Surexcitée et surprenant même le chanteur, la foule hurle en chœur un tonitruant« Let the blood spill… between my broken teeth !” (traduction : laisse le sang couler entre mes dents cassées”. Charmant). Le frisson !
À 13 h 35, Supuration ravit les festivaliers avec son set calibré et au son explosif. Sur la Mainstage, les SkidRow (ultra populaires dans les années 90) envoient tube sur tube et leur hard rock aux relents de Mötley Crüe sonne parfaitement sous le soleil de Clisson. Un plaisir. Des milliers de personnes se ruent sous la tente Temple… Ce sont les très rares Trollfest qui débarquent sous des acclamations hallucinantes. Le folk metal sautillant des Norvégiens est l’un des concerts les plus attendus. Délire déjanté, né d’une soirée beuverie, leur musique enflamme subitement la foule : tout le monde hurle, saute, pogote, boit dans des cornes. Folie furieuse pour trois quarts d’heures de bonheur.
Dans la foulée, Incantation remet les pendules à l’heure : on n’est pas là pour rigoler. Leur gros death metal blindé fait l’effet d’un char d’assaut. En 45 minutes, les Américains ont littéralement tout dévasté. Ouille ! Venus de l’Oregon, Witch Moutain et sa chanteuse emmènent le public dans les étoiles, avec un concert planant et magnifique. Tandis qu’après, Schirenic plays PungentStench s’occupe de distribuer quelques baffes, avec un death metal hargneux, véloce, au son parfait.
À 17 h 50, tout le monde se rue vers Acid King. Ce groupe balance un énorme stoner à la sauce psychédélique (normal, ils viennent de San Francisco) et signe là, tranquillement, l’un des meilleurs concerts de la journée. Pour se remettre de tout ça, direction la Mainstage 2 pour assister au set des anciens de Status Quo. Ils ont tous beau avoir la soixantaine plus que bien tassée, leur rock est simplement fédérateur et fait chanter tous les festivaliers, notamment sur l’ultra culte In the army now. Un excellent set.

Le temps de prendre la tornade hardcore Hatebreed durant une chanson, direction (en courant !) le chapiteau pour le concert de Tsjuder. Plus qu’attendus, les Norvégiens enquillent des titres ultra rapides, dégoulinant de black metal, avec brio. Façon marteau-piqueur, Tsjuder assomme les têtes et enfonce le public dans le sol. Le coup de grâce viendra avec la reprise de Sacrifice de Bathory (un groupe culte dans le milieu). Le public en sort trempé, laminé. Wow.

Le plafond d’une des scènes… (Photo tmv – Aurélien Germain)

Histoire d’être maso jusqu’au bout, l’enchaînement se fait avec Brutal Truth et son grind culte. Les New Yorkais, qui pratiquent le tabassage en règle depuis 1990, finissent de brutaliser un public en transe et en nage. L’heure est passée trop vite. Vous pensiez calmer votre nuque avec Eluveitie ? Loupé ! Les Suisses vont envoyer une heure de concert absolument formidable, suivi par un public en ébullition, qui lui mange dans le creux de la main. Leur folk metal agrémenté de flûtes, cornemuse, violon et compagnie, emmène tout le monde dans un tourbillon de folie. Moment intense, lors du titre Inis Mona qui reprend la mélodie de la Tribu de Dana.
Changement de registre avec la fin du set de Deep Purple : les papys du rock sont là, bel et bien là. Un peu fatigués (ça a du mal à pousser la voix…), mais comment en tenir compte lorsque retentissent les accords du mythique Smoke on the water et le tube Hush ?
Quitte à continuer dans le classique, un petit Aerosmith ne fait pas de mal. Tête d’affiche du samedi, la bande à Joe Perry et Steven Tyler sont venus avec leur valise de hits. L’apogée survient avec le tube I Don’t wanna miss a thing, ballade qui permettrait à n’importe qui de tomber amoureux ou amoureuse et de se lancer dans un petit plan drague. Ah, ils savent y faire, les bougres !
La nuit est tombée, les pieds sont amochés, les oreilles bourdonnent. Avant de rejoindre le camping, un petit détour permet de tomber nez à nez avec Phil Anselmo & the illegals. Grosse surprise : l’ex-chanteur de Pantera reprend… du Pantera ! Et pas des moindres : les claques que sont Domination et New Level filent le dernier uppercut dans une fournaise chaude bouillante.
Victoire du Hellfest par KO.

Blues Pills (Photo tmv – Aurélien Germain)

DIMANCHE 22 JUIN

Bon, on l’a dit dans l’autre article… la nuit a été « courte ». Qu’à cela ne tienne : à 11 h du matin, c’est Blues Pills sur la grande scène et c’est immanquable. Les festivaliers l’ont bien compris : ils sont très nombreux, malgré l’heure matinale. Le groupe lui-même est surpris de l’accueil et de la foule. Et là, d’un coup d’un seul, la claque. La baffe. La musique qui prend aux tripes. Ils n’ont que la vingtaine, mais les musiciens de Blues Pills envoient un  blues psyché teinté de hard rappelant Led Zep, Fletwood Mac, Cream ou encore Hendrix. Dans cette ambiance 60s-70s, la voix soul et rétro de la sublime Elin Larsson envoûte, rappelle Janis Joplin. Un trip, un véritable voyage, hallucinant et hallucinatoire.
Dans la foulée, impossible de résister à Satan’s Satyrs et leur doom piqué au stoner. Ils ne sont que trois, invisibles derrière leur choucroute capillaire, mais enquillent les riffs dévastateurs, magnifiés par une basse vrombissante qui remue le ventre. Même plaisir devant les Blacklodge qui mélangent black metal martial et sonorités industrielles/électroniques. Un délice. Du coup, le changement de décor avec Lofofora fait bizarre ! Parrains de la scène française, les énervés de Lofo ont rempli le site ! Yeux bleus perçants et menaçants, Reno (chant) balance ses diatribes avec sa verve habituelle. La justice prend cher et son discours sur les intermittents ravit les foules (une banderole de solidarité trône d’ailleurs à l’entrée du terrain). Le public, hyper excité, disparaît derrière les nuages de poussière lors des pogos.
Tout aussi énervé, The Ruins of Beverast (pourtant rares) crache son black metal devant un public un peu maigrelet, mais hypnotisé. Bof, bof. À 13 h 35, dans la foulée, les bourrins de Ulcerate enflamment les planches, tout comme Heretic et les fous furieux de Black Tusk (un succès incroyable !). Mais c’est sans conteste Unleashed qui remporte la palme du rouleau compresseur de la journée ! Avec leur death metal old school, leurs paroles de vikings bourrus et un son à décorner les bœufs, les Suédois enquillent les Mindvinterblot, I Don’t want to be born et Death Metal Victory ravageurs. Grandiose.

Contraste total avec Equilibrium (attendu par de nombreux festivaliers) avec  leur folk metal épique qui fait bondir la foule comme un seul homme et provoque un tsunami dans la fosse ! Bim. Moins puissants, les thrasheurs canadiens de Annihilator ont un peu plus de mal à remplir le contrat, la faute à une chaleur qui est entrain d’assommer tous les festivaliers (la scène est en plein soleil).  Retour sous le chapiteau Altar pour se prendre une grosse volée avec les Black Dahlia Murder. Les Américains mélangent tout : death, black, thrash, pour un metal survolté, branché sur du 1000 à l’heure en continu. Épuisant, mais jouissif.
Sur la Mainstage, à 19 h 50, le public se presse devant la scène, où le decorum de Behemoth file la chair de poule. Avec leur death black pachydermique, les Polonais proposent une setlist malheureusement trop commune (un peu d’audace, que diable !), mais sait lancer les bons missiles, notamment un Slaves Shall Serve surpuissant, gâché par un son brouillon et tout en basse. Mais il manque ce quelque chose, un peu d’intensité, de folie, ce petit quelque chose. Est-ce à force de les voir sur tous les festivals et en concert très souvent ? Peut-être…
Niveau déception, on remettra le Grand prix à Soundgarden… Groupe pourtant adulé, les rockeurs de Seattle semblent être sur scène uniquement pour toucher le chèque. Kim Thayil manie sa guitare avec brio, mais paraît s’ennuyer ferme, à l’instar du bassiste Ben Shepherd qui fait le minimum syndical. Heureusement que le très charismatique Chris Cornell relève le niveau, en communiquant avec le public, tout sourire. Et ce n’est même pas le tube planétaire Black Hole Sun qui relèvera le niveau. Une purge… Quel dommage…
En tout cas, impossible de faire quelconque reproche aux majestueux Emperor. Beaucoup sont d’ailleurs venus uniquement pour les maîtres du black metal grandiloquent. Et sur scène, c’est épique, joué au millimètre, entraînant dans un tourbillon d’émotions. Le soleil se couche et plonge alors le groupe dans une ambiance somptueuse, où les ténèbres viennent s’abattre en même temps que les dernières notes.

Dire qu’à 23 h 10, cette immense foule (à perte de vue !) attend Black Sabbath avec impatience est un doux euphémisme. La nuit est là. Pile poil pour les inventeurs du heavy metal, ceux par qui tout a commencé. En backstage, on entend la voix de papy Ozzy qui demande au public si ça va… 45 000 personnes répondent. Et dans de superbes lights, apparaît alors le Sab, au son d’un War Pigs phénoménal. Alors oui, Ozzy Osbourne semble déphasé, s’accroche à son pied de micro et a dû prendre quelques substances pas très licites avant le concert… Sa voix laisse à désirer, mais le Prince of Darkness a 65 ans, et il est encore là. Sur scène. Avec son aura. Bien plus impérial est Tony Iommi qui rappelle à quel point il est un guitariste d’exception (pourtant tout juste sorti d’un cancer lympathique). Et puis, pour beaucoup de metalleux, c’est juste un plaisir de voir (peut-être pour la dernière fois ?) un des groupes mythiques, fondateur de tout, fondateur de la noirceur de cette musique. Comme le montre leur tube Black Sabbath, joué dans des lumières mauves, à l’ambiance terrifiante, où Ozzy rit comme un damné.

Et à en voir la foule hétéroclite qui chante à pleins poumons ce titre, l’on se dit que Black Sab réunit les générations et restera culte : enfants, parents, jeunes metalleux de 30 ans, sexagénaires… Bref, à l’image du Hellfest et des concerts : une réunion, une grande réunion. Voilà… On est venu, on a vu, le Hellfest a vaincu.

Aurélien Germain

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ET EN IMAGES ?
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[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=YCpJpK_Fyro[/youtube]

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